Commençons par
mon état physique au moment d’écrire ce compte rendu du PBP 2015 : je ne suis
pas si fatigué que ça malgré le manque de sommeil de ces derniers jours. Ce qui
est pénible, c’est les douleurs que génèrent mes jambes, malgré les massages, malgré
les étirements, j’ai l’impression qu’elles deviennent de plus en plus
douloureuses et engourdies. Il me faut un temps incroyable pour me lever, pour
me déplacer…tout se passe plus doucement, le rythme est ralenti, c’est peut-être
pas plus mal finalement après mes 57h d’agitation sur le vélo.
Car pour
participer au PBP, il faut être prêt à accepter une certaine dose de
souffrance, du moins pour le cycliste que je suis. Car le 1er de cette année ne
semble pas avoir ces soucis. Il s’agit d’un Allemand de 37 ans qui a franchi la
ligne d’arrivée, en 42h30 (battant au passage le record d’une heure), sans
voiture d’assistance, finissant tout frais et pédalant plus de 500 km seul
devant un groupe d’une quarantaine de coureurs arrivant une heure plus tard. Un
monde nous sépare. Pour terminer PBP, il faut être prêt physiquement, mais je
dirais surtout mentalement et être sur que la motivation soit et reste suffisante
pour accomplir l’objectif.
Pour cette 2nde édition,
mon 1er objectif était de terminer, le 2eme d’éviter la 3eme nuit et enfin, si
possible d’améliorer mon temps de 53h30. Au final, je termine en 57h, content
d’avoir accompli l’objectif 1er et d’avoir pu éviter une grosse partie de la
nuit. Car a 240km de la fin, ce n’était pas gagné : physiquement, pas de problème,
mais mentalement, je trouvais ça très long et je ne voyais plus l’intérêt de pédaler
des heures et des heures sur le vélo. Surtout après avoir passé une grande
partie du PBP seul, principale différence avec l’édition précédente ou je l’avais
fait avec mon copain George (qui n’a pas pu participer cette année). Mais les
messages de support du CSM13, de Michèle et de mon père qui m’ont poussé à
continuer ont eu raison du PBP 2015!
Michèle et mon père
avait décidé de m’accompagner : nous nous étions donné rendez-vous à Fougères
après 310km, puis à Brest (616km), et
pour le retour à Loudéac (780km), Fougères (920km) et Mortagne Au Perche (1089km).
Je partis donc
dimanche à 16h15 après une longue attente dans le 2eme sas. La météo était
parfaite pour ce PBP et le restera. Les cadors emmenaient très forts et la
jonction avec le groupe de tête se fit dans les bosses du Perche qui
permettaient d’exploser le 1er et 2eme groupe en une multitude de paquets. Le
spectacle fut hallucinant de par le nombre de cyclistes en perdition dans tous
les coins…Je décrochais pour ma part un peu avant Mortagne ou je m’arrêtais
pour remplir les bidons. La moyenne à ce moment-là était de 36,5 km/h pour 139
km parcourus et 1401 m de dénivelé!
Je repartis pour
80km / 848m de dénivelé direction Vilaines La Juhel. Les efforts conséquents de
la 1ere étape se firent sentirent et je commençais à penser que jamais je
n’arriverai au bout vu mon état de fraicheur physique…Je roulais à mon rythme
et récupérais en même temps. Je repris quelques cyclistes mais personne ne me
suivit. A Vilaines (219km), je décidai de m’arrêter manger avant de repartir
pour Fougères. Je fis ces 89 km seuls, toujours en reprenant d’autres cyclo,
mais qui ne restaient pas souvent dans ma roue. Moyenne constante de ces 2 étapes
à 29km/h.
Arrivée a Fougères
ou Michèle et Papa m’attendaient : rechargement des bidons, des réserves de nourriture,
tampon du contrôle, une banane et ce fut reparti jusqu’à Tinténiac avec un
groupe. Enfin ! Hélas, tout le monde s’arrêtait et je repartis de nouveau seul jusqu’à
Loudéac. Bref arrêt, et remise en selle direction Carhaix. Je repris un groupe
et décidait de rester dans leur roue, histoire de m économiser pour le retour…A
20km de Brest, nous croisons le 1er peloton d’environ 40 cyclistes qui repart… Ils
ont donc 1h30 d’avance.
Arrivée à Brest
en 22h40, plutôt bien pour 615km et 6000m de dénivelé. Toujours sympathique de
traverser la rade sous le soleil,…synonyme aussi que le retour commence.
Je retrouvais Michèle
et Papa pour un repas un peu trop long…1h20 au total, mais il faut dire
que nous étions content de partager ce
moment ensemble.
Le retour commençait
donc avec l’étape la plus difficile du PBP : les 84 km de Brest à Carhaix pour
1000m de dénivelé et les 15km d’ascension des monts d’Arrée. Je repartis seul,
reprit des cyclistes qui ne prirent pas ma roue sauf un qui me lança ‘should we
ride together ?’ et parti comme une fusée que je ne pus suivre…very cool.
Arrivée a
Carhaix, tampon puis départ pour Loudéac 83 km plus loin. Les 40 derniers km se
font sur une petite route interminable qui monte et qui descend sans arrêt, plutôt
dangereuse d’ailleurs de nuit avec les cyclistes roulant en sens inverse
(allant à Brest).
L’ambiance sur
cette étape est fabuleuse : beaucoup de particuliers ouvrent leur maison, ont préparé
des gâteaux et proposent des boissons. L’envie de m’arrêter dans un village
organisant un barbecue géant et danse folklorique avec les cyclistes n’est pas
assez forte et je continue. Mais l’idée me vient de faire PBP un jour en un
maximum d’heures et de profiter de toutes ces animations et de cette convivialité.
L’arrivée a Loudéac
est hallucinante : il y a des cyclistes dormant partout, dans les fossés, au
centre des ronds-points,… je ne sais pas comment ils font car pour ma part je
suis gelé des que je m’arrête. J’ai prévu de manger à Loudéac ou je retrouve Michèle,
Papa, Bruno et Valérie du CVL. Bruno a arête à Tinténiac car Valérie n’était
pas très bien. Je mange, me repose 30 min et repart vers 2h du matin. A ce moment-là,
je trouve le PBP long, car je suis principalement seul.
Je récupère un
cycliste et roulons ensemble jusqu’à Fougères ou ma fidèle assistance est là :
je m’arrête prendre un petit déjeuner, une douche et je repars pour Vilaines La
Juhel. Un cycliste du coin qui veut faire son entrainement veut pédaler avec
moi…Je lui demande de m’emmener un maximum et il hallucine car au final, les rôles
se sont inversés assez souvent. Nous discutons bien et ce fut un moment bien sympathique
de ce PBP. Pour ma part, je suis content de voir que j’emmène toujours bien
avec mes 900 km déjà parcourus. Hélas, il doit retourner chez lui et nous nous
quittons.
A 15km de Vilaines,
je craque : il faut dire que la montée de ‘Le Ribay’ est vraiment impitoyable.
J’avance doucement jusqu’à Vilaines ou j’ai un sérieux coup de fatigue. Je m’arrête
manger, je me fais masser, je dors mais à ce moment-là, je veux arrêter…il me
reste encore 240km à parcourir et je ne vois pas l’intérêt de passer encore 10h
sur le vélo. Je vérifie mes mails, je vois les messages du CSM13 et j’appelle
mon assistance, qui ne me donne pas le choix : viens à Mortagne (81km plus
loin) et on décidera. Pas de pitié et ils ont eu raison.
Je repars tout
doucement, me fait cette fois-ci doubler par 2 groupes de 3 cyclistes que je ne
suis pas. Enfin, quelques km plus tard 3 guerriers (de par leur pédalage et façon
de prendre leur relais) arrivent et je les suis, je deviens guerrier moi même!
Ca envoie pas mal d’ailleurs et rattrapons les groupes qui m’avaient dépassé… ils
ne suivront pas.
Arrivée à
Mortagne, je veux m’arrêter mais Michèle et Papa me poussent à aller au bout…c’est
vrai que c’est un peu bête de s’arrêter a 140km de la fin pour les 2 étapes les
plus faciles, je réinstalle donc la lampe, reprend mon gilet de nuit et repars à
fond. Le bruit de la cosmic me fait plaisir…Je dois rouler entre 35 et 40km/h
et arrive à Dreux rapidement. Je mange un peu et repart…
A 30km de l’arrivée,
un cycliste a l’arrêt me crie ‘au secours, au secours’ et je lui demande ce
qu’il se passe. Il a très mal au dos, ne voit pas clair et a peur de se perdre
dans la nuit. Il me demande de l’emmener avec lui, bien évidement je suis ok. Hélas,
il ne peut pas rouler très vite et ces derniers km se font à allure très lente
et me paraissent interminables. Nous franchissons la ligne d’arrivée à 1h15 du
matin, soit 57h en tout pour moi.
En conclusion, ce
PBP fut plus difficile que le 1er, principalement car j’ai souvent du pédaler
seul (700km en tout) et que ma motivation diminuait au fur et à mesure que les
km défilaient. Physiquement, j’étais bien, mais l’arrêt à Brest d’1h20 a été
trop long, j’aurais ensuite du me reposer un peu plus à Loudéac, cela m’aurait évité
de m’arrêter a Tinténiac et Vilaines de manière prolongée.
Ce fut quand même
une très bonne expérience d’équipe, Michèle est d’ailleurs prête à recommencer!