8/29/2015

Paris Brest Paris 2015

Commençons par mon état physique au moment d’écrire ce compte rendu du PBP 2015 : je ne suis pas si fatigué que ça malgré le manque de sommeil de ces derniers jours. Ce qui est pénible, c’est les douleurs que génèrent mes jambes, malgré les massages, malgré les étirements, j’ai l’impression qu’elles deviennent de plus en plus douloureuses et engourdies. Il me faut un temps incroyable pour me lever, pour me déplacer…tout se passe plus doucement, le rythme est ralenti, c’est peut-être pas plus mal finalement après mes 57h d’agitation sur le vélo.

Car pour participer au PBP, il faut être prêt à accepter une certaine dose de souffrance, du moins pour le cycliste que je suis. Car le 1er de cette année ne semble pas avoir ces soucis. Il s’agit d’un Allemand de 37 ans qui a franchi la ligne d’arrivée, en 42h30 (battant au passage le record d’une heure), sans voiture d’assistance, finissant tout frais et pédalant plus de 500 km seul devant un groupe d’une quarantaine de coureurs arrivant une heure plus tard. Un monde nous sépare. Pour terminer PBP, il faut être prêt physiquement, mais je dirais surtout mentalement et être sur que la motivation soit et reste suffisante pour accomplir l’objectif.

Pour cette 2nde édition, mon 1er objectif était de terminer, le 2eme d’éviter la 3eme nuit et enfin, si possible d’améliorer mon temps de 53h30. Au final, je termine en 57h, content d’avoir accompli l’objectif 1er et d’avoir pu éviter une grosse partie de la nuit. Car a 240km de la fin, ce n’était pas gagné : physiquement, pas de problème, mais mentalement, je trouvais ça très long et je ne voyais plus l’intérêt de pédaler des heures et des heures sur le vélo. Surtout après avoir passé une grande partie du PBP seul, principale différence avec l’édition précédente ou je l’avais fait avec mon copain George (qui n’a pas pu participer cette année). Mais les messages de support du CSM13, de Michèle et de mon père qui m’ont poussé à continuer ont eu raison du PBP 2015!

Michèle et mon père avait décidé de m’accompagner : nous nous étions donné rendez-vous à Fougères après 310km, puis à Brest (616km),  et pour le retour à Loudéac (780km), Fougères (920km) et Mortagne Au Perche (1089km).

Je partis donc dimanche à 16h15 après une longue attente dans le 2eme sas. La météo était parfaite pour ce PBP et le restera. Les cadors emmenaient très forts et la jonction avec le groupe de tête se fit dans les bosses du Perche qui permettaient d’exploser le 1er et 2eme groupe en une multitude de paquets. Le spectacle fut hallucinant de par le nombre de cyclistes en perdition dans tous les coins…Je décrochais pour ma part un peu avant Mortagne ou je m’arrêtais pour remplir les bidons. La moyenne à ce moment-là était de 36,5 km/h pour 139 km parcourus et 1401 m de dénivelé!

Je repartis pour 80km / 848m de dénivelé direction Vilaines La Juhel. Les efforts conséquents de la 1ere étape se firent sentirent et je commençais à penser que jamais je n’arriverai au bout vu mon état de fraicheur physique…Je roulais à mon rythme et récupérais en même temps. Je repris quelques cyclistes mais personne ne me suivit. A Vilaines (219km), je décidai de m’arrêter manger avant de repartir pour Fougères. Je fis ces 89 km seuls, toujours en reprenant d’autres cyclo, mais qui ne restaient pas souvent dans ma roue. Moyenne constante de ces 2 étapes à 29km/h.

Arrivée a Fougères ou Michèle et Papa m’attendaient : rechargement des bidons, des réserves de nourriture, tampon du contrôle, une banane et ce fut reparti jusqu’à Tinténiac avec un groupe. Enfin ! Hélas, tout le monde s’arrêtait et je repartis de nouveau seul jusqu’à Loudéac. Bref arrêt, et remise en selle direction Carhaix. Je repris un groupe et décidait de rester dans leur roue, histoire de m économiser pour le retour…A 20km de Brest, nous croisons le 1er peloton d’environ 40 cyclistes qui repart… Ils ont donc 1h30 d’avance.

Arrivée à Brest en 22h40, plutôt bien pour 615km et 6000m de dénivelé. Toujours sympathique de traverser la rade sous le soleil,…synonyme aussi que le retour commence.

Je retrouvais Michèle et Papa pour un repas un peu trop long…1h20 au total, mais il faut dire que  nous étions content de partager ce moment ensemble.

Le retour commençait donc avec l’étape la plus difficile du PBP : les 84 km de Brest à Carhaix pour 1000m de dénivelé et les 15km d’ascension des monts d’Arrée. Je repartis seul, reprit des cyclistes qui ne prirent pas ma roue sauf un qui me lança ‘should we ride together ?’ et parti comme une fusée que je ne pus suivre…very cool.

Arrivée a Carhaix, tampon puis départ pour Loudéac 83 km plus loin. Les 40 derniers km se font sur une petite route interminable qui monte et qui descend sans arrêt, plutôt dangereuse d’ailleurs de nuit avec les cyclistes roulant en sens inverse (allant à Brest).

L’ambiance sur cette étape est fabuleuse : beaucoup de particuliers ouvrent leur maison, ont préparé des gâteaux et proposent des boissons. L’envie de m’arrêter dans un village organisant un barbecue géant et danse folklorique avec les cyclistes n’est pas assez forte et je continue. Mais l’idée me vient de faire PBP un jour en un maximum d’heures et de profiter de toutes ces animations et de cette convivialité.

L’arrivée a Loudéac est hallucinante : il y a des cyclistes dormant partout, dans les fossés, au centre des ronds-points,… je ne sais pas comment ils font car pour ma part je suis gelé des que je m’arrête. J’ai prévu de manger à Loudéac ou je retrouve Michèle, Papa, Bruno et Valérie du CVL. Bruno a arête à Tinténiac car Valérie n’était pas très bien. Je mange, me repose 30 min et repart vers 2h du matin. A ce moment-là, je trouve le PBP long, car je suis principalement seul.

Je récupère un cycliste et roulons ensemble jusqu’à Fougères ou ma fidèle assistance est là : je m’arrête prendre un petit déjeuner, une douche et je repars pour Vilaines La Juhel. Un cycliste du coin qui veut faire son entrainement veut pédaler avec moi…Je lui demande de m’emmener un maximum et il hallucine car au final, les rôles se sont inversés assez souvent. Nous discutons bien et ce fut un moment bien sympathique de ce PBP. Pour ma part, je suis content de voir que j’emmène toujours bien avec mes 900 km déjà parcourus. Hélas, il doit retourner chez lui et nous nous quittons.

A 15km de Vilaines, je craque : il faut dire que la montée de ‘Le Ribay’ est vraiment impitoyable. J’avance doucement jusqu’à Vilaines ou j’ai un sérieux coup de fatigue. Je m’arrête manger, je me fais masser, je dors mais à ce moment-là, je veux arrêter…il me reste encore 240km à parcourir et je ne vois pas l’intérêt de passer encore 10h sur le vélo. Je vérifie mes mails, je vois les messages du CSM13 et j’appelle mon assistance, qui ne me donne pas le choix : viens à Mortagne (81km plus loin) et on décidera. Pas de pitié et ils ont eu raison.

Je repars tout doucement, me fait cette fois-ci doubler par 2 groupes de 3 cyclistes que je ne suis pas. Enfin, quelques km plus tard 3 guerriers (de par leur pédalage et façon de prendre leur relais) arrivent et je les suis, je deviens guerrier moi même! Ca envoie pas mal d’ailleurs et rattrapons les groupes qui m’avaient dépassé… ils ne suivront pas.

Arrivée à Mortagne, je veux m’arrêter mais Michèle et Papa me poussent à aller au bout…c’est vrai que c’est un peu bête de s’arrêter a 140km de la fin pour les 2 étapes les plus faciles, je réinstalle donc la lampe, reprend mon gilet de nuit et repars à fond. Le bruit de la cosmic me fait plaisir…Je dois rouler entre 35 et 40km/h et arrive à Dreux rapidement. Je mange un peu et repart…

A 30km de l’arrivée, un cycliste a l’arrêt me crie ‘au secours, au secours’ et je lui demande ce qu’il se passe. Il a très mal au dos, ne voit pas clair et a peur de se perdre dans la nuit. Il me demande de l’emmener avec lui, bien évidement je suis ok. Hélas, il ne peut pas rouler très vite et ces derniers km se font à allure très lente et me paraissent interminables. Nous franchissons la ligne d’arrivée à 1h15 du matin, soit 57h en tout pour moi.

En conclusion, ce PBP fut plus difficile que le 1er, principalement car j’ai souvent du pédaler seul (700km en tout) et que ma motivation diminuait au fur et à mesure que les km défilaient. Physiquement, j’étais bien, mais l’arrêt à Brest d’1h20 a été trop long, j’aurais ensuite du me reposer un peu plus à Loudéac, cela m’aurait évité de m’arrêter a Tinténiac et Vilaines de manière prolongée.

Ce fut quand même une très bonne expérience d’équipe, Michèle est d’ailleurs prête à recommencer!